Ce travail porte sur les caractéristiques de la pisciculture dans trois zones agro-écologiques de la Province du Sud-Kivu (RD Congo), à potentiel piscicole considérable mais différant entre elles par leurs traditions piscicoles: la zone équatoriale de basse altitude, la zone équatoriale d’altitude étagée de transition et la zone tropicale de basse altitude. Elle a été réalisée entre juillet 2014 et février 2016, à l’aide d’un questionnaire d’enquête semi-structurée auprès de 223 pisciculteurs et des observations directes sur les sites piscicoles. Les résultats montrent que la pisciculture pratiquée actuellement au Sud-Kivu est de type extensif de subsistance, pratiquée par des hommes (89 à 92,2% selon les zones) de plus de 30 ans (75,6 à 83,3%). Ceuxci sont mariés (82,2 à 91,7 %), vivent principalement de l’agriculture (62,5 à 71,1 %) ; la plupart d’entre eux n’ont pas été professionnellement formés (autour de 90 %) et ne bénéficient pas d’un appui de la part des services publics. La pisciculture se fait dans des étangs en terre répondant peu aux normes techniques, irrégulièrement ou pas fertilisés et peuplés principalement par le tilapia du Nil Oreochromis niloticus. En conséquence, les rendements sont faibles en quantité (380,1 à 870,3 kg/Ha/an) et en qualité (poissons marchands de moins de 200 g). Les principales contraintes justifiant ces faibles rendements sont le manque d’appui technique et l’insuffisance et la qualité non satisfaisante des alevins. Au-delà de ces ressemblances, les résultats révèlent plusieurs différences entre les caractéristiques zootechniques de la pisciculture de ces trois zones. Ces différences peuvent être mises en rapport avec la différence du point de vue de la tradition piscicole et la topographie des sites, aspects qui sont largement discutés dans cet article.