Vol.12, N°6 (2016) - Article 7

Caractérisation post conflits armés des perturbations dans la forêt classée du Haut-Sassandra en Côte d'Ivoire

Les conflits armés en Côte d’Ivoire ont exacerbé les pressions sur les ressources foncières en général et sur les aires protégées en particulier, dont la forêt classée du Haut-Sassandra (FCHS). Cette forêt domaniale était, avant les conflits, l’une des forêts les mieux protégées. L’objectif de cet article est d’améliorer les connaissances sur les effets des perturbations dues aux conflits sur la FCHS. La question qui justifie la recherche sur la FCHS est celle de la pertinence d’un scénario de retour à une vocation de foresterie et de conservation par rapport à un scénario de déclassement en faveur de l’agriculture. Pour y répondre, cet article décrit l’artificialisation de la forêt pour en estimer la capacité de résilience. Ainsi, un recensement des marques de perturbation a été réalisé selon un échantillonnage systématique de 392 segments linéaires contigus de 25 m de long chacun. Une analyse fréquentielle a été effectuée sur ces données à partir du diagramme des dipôles et de l’algorithme de l’archipel. Elle a révélé l’existence de trois modes d’artificialisation largement dominés par les activités de mise en place des plantations de cacaoyers. Ces perturbations ont transformé la FCHS en un paysage micro-hétérogène à 75 %. Les installations de cultures ont lieu préférentiellement à l'intérieur de la forêt pour qu'elles ne soient pas visibles par les autorités en charge de la surveillance de la forêt. Les résultats ont aussi révélé que la cinématique de l’artificialisation est complexe et que la végétation des segments où des cultures ont été installées n'a pas franchi le seuil de résilience qui rendrait impossible le retour à la forêt. Cette cinématique peut être modélisée par le modèle conceptuel des « montagnes russes ».

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