Depuis toujours les plantes médicinales constituent un héritage culturel en Afrique. Elles sont utilisées pour soulager, prévenir ou guérir plusieurs maux, et constituent encore la matière première utilisée pour la recherche de nouvelles thérapeutiques. C’est dans ce cadre que l’objectif de cette étude a consisté à mener une enquête ethnobotanique, pour recenser les plantes antipaludiques à grande utilisation dans la région d’Abengourou. Les informations ont été collectées suite à des entretiens individuels semi structurés. Vingt (20) herboristes et 33 tradithérapeutes de la ville et de 4 villages d’Abengourou ont été enquêtés. Dans l’ensemble, 68 % des informateurs rencontrés étaient des tradithérapeutes de sexe masculin et 32 % de sexe féminin. Quant aux herboristes, elles sont toutes des femmes (100 %). Au total, 32 espèces végétales appartenant à 21 familles et 31 genres ont été recensées avec une prédominance des familles des Rubiaceae, des Lamiaceae, des Apocynaceae et des Phyllanthaceae. Les organes de plantes les plus utilisés sont les feuilles à 69,81 % et les écorces (26,42 %). Le mode de préparation le plus utilisé est la décoction avec 69,81 % suivie de la macération (28,30 %). La voie orale est le mode d’administration le plus fréquemment utilisé avec 38,70 %. Les six espèces végétales les plus couramment utilisées dans le traitement du paludisme à Abengourou ont été Alstonia booneï (26,92 %), Sarcocephalus latifolius (19,23 %), Hoslundia opposita (15,69 %), Ocimum basilicum (15,38 %), Morinda lucida (15,38 %) et Vernonia amygdalina (9,8 %). Au terme de cette étude, on note que les plantes médicinales occupent une place très importante dans les soins de santé des populations ivoiriennes contre le paludisme au niveau régional. Ces résultats constituent une base de données pour les études ultérieures visant à évaluer le potentiel biologique et chimique de ces plantes. Ces données serviront aussi, en perspective, à la découverte de nouveaux principes actifs utilisables en thérapeutique.