Vol.18, N°5 (2021) - Article 7

Les cuvettes oasiennes du Manga, Sud-Est Niger : un patrimoine à forte productivité agricole menacé d’ensablement, protégé par la fixation des dunes

L’objectif de cette étude est de montrer l’intérêt des cuvettes oasiennes du Manga et la nécessité de les protéger en fixant les dunes qui les entourent. Pour réaliser cette étude, des données socioenvironnementales ont été collectées à travers des enquêtes et l’efficacité de la fixation des dunes dans la protection des cuvettes a été évaluée sur des anciens sites fixés et à travers un dispositif expérimental placé sur des dunes vives. Les résultats montrent que les cuvettes oasiennes sont des lieux sacrés (1%), des points d’eau (5,5 %), des usines d’exploitation de natron (5,2 %) et le siège de plusieurs autres activités connexes (prélèvement du bois de chauffe et de service, confection des briques, etc.) (7,3 %). L’exploitation agropastorale constitue la principale activité (81 % des activités pratiquées). Cette dernière a contribué à occuper la majeur partie de la population suite au morcèlement des terres entre plusieurs exploitants dont la majorité déteint moins d’un hectare. Le mode de tenure de terre est largement dominé (˃ 70 %) par l’héritage. La fertilitédes sols est principalement gérée par les techniques culturales (49 %, 41 % et 19,5 %, respectivement dans les cuvettes à eau affleurante; les cuvettes à eau intermédiaire et les cuvettes à eau profonde), l’apport du fumier (34 %, 31,5 %, 20,8 %, respectivement dans les cuvettes à eau affleurante; les cuvettes à eau profonde et les cuvettes à eau intermédiaire) et des résidus de récoltes (25 % 15 % et 12 %, respectivement dans les cuvettes à eau profonde, les cuvettes à eau affleurante et les cuvettes à eau intermédiaire). La contrainte majeure à l’exploitation des ces cuvettes demeure l’ensablement. Ce dernier est maitrisé par la fixation des dunes qui a permis d’accroitre le recouvrement herbacé moyen d’environ 7 % sur les dunes non fixés (témoins) à plus de 40 % sur les dunes fixées. La richesse floristique moyenne de 4 espèces observée sur les témoins est passée à 13 espèces sur les dunes fixées. La production de la biomasse sèche très négligeable sur les témoins a évolué à environ 100 g/m² sur les sites récemment fixés. La première palissade utilisée pour fixer des dunes a permis de réduire considérablement le flux éolien de sédiment. Les cuvettes oasiennes protégées contre l’ensablement constitueraient les bases productives plus sûres et durables.

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